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Elles passent de l’ombre à la lumière

dépendance affective

Dépendance affective en amour : la reconnaître et ainsi s’en défaire

Le trouble de la personnalité dépendante, plus couramment appelée dépendance affective, se répercute dans tous les domaines de la vie des personnes touchées. C’est pourtant dans le domaine amoureux qu’elle survient avec le plus d’intensité. En effet, l’estime des personnes dépendantes affectives repose sans cesse sur des facteurs extérieurs. Ces dernières cherchent à combler un vide à tout prix en fuyant leur être intérieur. Elle est le fruit d’une grande carence affective et d’un profond désamour de soi, dont les origines peuvent être multiples. Elles remontent la plupart du temps à l’enfance : un événement traumatisant, des parents maltraitants, trop présents ou envoyant des signaux contradictoires… Pointer cette dépendance du doigt et identifier ses signaux sont des étapes cruciales afin de sortir de ce schéma destructeur.

L’identifier pour mieux s’en séparer

Parvenir à déjouer une souffrance, c’est d’abord l’identifier. Cette première étape est le début d’un travail introspectif de longue haleine. À long terme, la personne dépendante verra son rapport à l’autre, à l’amour et à elle-même changer positivement. Apprendre à en reconnaître les symptômes est donc essentiel.

Des attentes insatiables

La dépendance affective se manifeste par des agissements visant à garder coûte que coûte un lien avec l’autre. C’est pourquoi une précipitation dans la relation, dès son commencement, peut déjà être une alerte. La personne dépendante vacille loin de l’autre, redoute la solitude autant que les décisions à prendre seule. Les conséquences ? Une hypersollicitation du partenaire, un besoin d’être rassuré constamment mais une incapacité à l’être. Elle s’imagine des scénarios catastrophe en se persuadant qu’elle ne mérite ni l’amour, ni la personne d’en face.

En attribuant à l’autre un rôle de sauveur, elle est dans l’illusion que son regard efface ses carences. Ce qui ne règle en aucun cas le problème de fond. Quels que soient les efforts déployés de la personne en face, aucun amour ne pourra combler ce vide insatiable. Quand on a si peu confiance en soi, il est évidemment difficile d’avoir confiance en l’autre, ce qui conduit la plupart du temps à une jalousie excessive.

« Un enfant déguisé en adulte »

Dans l’épisode sur la dépendance affective du podcast La psychologie pour tous, le psychologue Eudes Séméria définit les personnes dépendantes affectives comme « des enfants déguisés en adulte ». Un dépendant affectif aurait en effet la même dépendance qu’un enfant, voire un nourrisson aurait envers ses parents. Prendre son partenaire comme un père ou une mère mène inévitablement à une relation toxique. 

Il est important de rester attentif dès la rencontre : on peut se rendre compte que très vite, des demandes infantiles sont faites par les personnes dépendantes. Des demandes d’enfant incapable de se valoriser tout seul. Tout est question de dosage : dans la dépendance affective, ce besoin est systématique. L’idéal serait en fait de ne pas s’appuyer sur l’autre, mais sur la relation. Aussi, dès qu’une relation se finit, les personnes dépendantes ont tendance à retrouver tout de suite un partenaire. Quitte à choisir n’importe qui.

La dépendance affective, un frein aux relations saines

Une personne émotionnellement dépendante préfère être mal accompagnée que seule. Eudes Séméria explique que chez elles, c’est le lien qui prime, pas la personne. Dans son podcast amoureux, la journaliste Nathalie Lefèvre accueille Cristina Marques, psychopraticienne ayant elle-même vécu la dépendance affective avant de prendre du recul sur cet engrenage. « Ce que je prenais pour de l’amour n’en était pas : il s’agissait d’attachement toxique ». Il n’est alors pas question de sentiments, mais plutôt de sécurité. Le rapport à l’amour est donc biaisé.

Effacer ses propres désirs

Si elles ont tendance à enchaîner les partenaires, les personnes dépendantes peuvent aussi rester dans une relation qui ne leur convient pas, même après avoir pris conscience de cette insatisfaction. La personne dépendante nie ses propres désirs, laisse toute la place à l’autre, afin d’éviter un quelconque abandon. Le risque premier est de s’oublier, de s’effacer totalement. Selon Geneviève Krebs, spécialiste reconnue de la dépendance affective depuis vingt-cinq ans, la peur de l’abandon est en fait le moteur principal du trouble de la dépendance affective. C’est de cette peur irrationnelle que découle une forme de soumission. Elle poussera la personne dépendante à accepter des humiliations, jusqu’à la violence.

Tolérer l’intolérable

Pour les personnes touchées émotionnellement, la violence (dans le pire des cas) est vécue comme moins grave que la perte de la personne dont elles sont dépendantes. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, une personne dépendante affective n’attire pas forcément une personne souffrant du même trouble. Au contraire, elle a plus de chance de se retrouver en proie à des personnalités toxiques et manipulatrices. Ces dernières auront davantage de mainmise sur ces profils plus fragiles et plus susceptibles de tomber dans le cercle vicieux d’une violence psychologique, parfois même physique. Ces situations de domination vont souvent être perçues comme des preuves d’amour par la personne dépendante. Elles sont pourtant tout le contraire.

Quelques pistes pour s’affranchir de la dépendance affective

Une fois la souffrance identifiée, le plus dur reste à faire : un travail sur soi. Avant de travailler au sein d’une relation, il est fondamental de travailler sur soi-même. Le plus dur est de faire preuve de ténacité, de progresser sur le long terme. Le pari ? Ne plus rechercher sans cesse l’approbation de l’autre, ne plus vivre à travers son regard. Aller voir en soi pour changer de perception, parvenir à poser ses propres limites, identifier ses valeurs pour apprendre à s’aimer… tels sont les chemins menant à la fin du syndrome.

Se confronter au passé 

Il est fortement conseillé de trouver l’origine de son mal être, son élément déclencheur. En premier lieu, Eudes Séméria conseille d’effectuer un travail avec ses propres parents, et de poser des limites avec eux. Se comporter en adulte sans leur demander leur avis, ni validation, afin de briser ce lien qui était présent pendant toute la durée de l’enfance. Il faut réussir à se persuader qu’on est capables de faire plein de choses par soi-même. Aussi, faire preuve de tolérance et de patience avec son enfant intérieur est essentiel. Il ne faut pas non plus hésiter à se faire aider si on sent qu’une thérapie est nécessaire afin de mieux se comprendre pour avancer.

Découvrir ses propres désirs

Dans un épisode du podcast Amours sur la dépendance affective, Sophie Riche explique qu’au fond, une personne dépendante ne sait pas exactement ce qu’elle veut : c’est en partie pour cela qu’elle se calque sur les envies de l’autre. Afin de reprendre le contrôle, la chroniqueuse a longtemps tenu ce qu’elle appelle « un carnet de connaissances de soi ». Le principe ? À chaque fois qu’elle découvrait quelque chose sur elle, qu’elle était fière de ce qu’elle avait accompli, elle complétait sa liste. Ces petites actions apprennent inconsciemment à se connaître mieux, à savoir ce que l’on veut, et donc à davantage décider pour soi-même. Ne pas oublier de reconnaître ses petites victoires et réussir à les fêter : ça aussi, ça s’apprend !

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