Par Ambre Calvez
Les chiffres de l’Insee* sont clairs : 1 adulte sur 10 subit des violences psychologiques au sein du couple, hommes et femmes confondus. Si les maltraitances physiques sont les plus connues, les violences psychologiques, elles, frappent de manière plus insidieuse. Alors, qu’est-ce que la violence psychologique, comment en déceler les signes et quoi faire ensuite ? On vous explique tout dans cet article.
Les différentes formes de violences psychologiques
Les violences psychologiques visent toutes les tranches de la société. Présentes dans le couple, la famille, les cercles de proches, au travail ou sur le Web, leurs formes sont nombreuses. Parmi les victimes, la plupart subissent une maltraitance régulière qui s’installe doucement au début et qui monte crescendo. Dans leurs différentes formes, les violences psychologiques peuvent se décliner comme suit :
- Insultes
- Menaces
- Critiques répétitives
- Rejet
- Indifférence
- Humiliation
- Intimidation
- Isolement
- Exploitation
- Manipulation
- Chantage
Toutes ces formes d’agression sont des violences psychologiques avérées et indiscutables. En endurant ces situations de manière répétitive, les victimes développent des troubles émotionnels pouvant dégénérer jusqu’au choc post-traumatique. L’usure et le stress constants mènent à la destruction de la confiance et de l’estime de soi. Les dévaluations et les dégradations de l’état émotionnel qui en résultent peuvent, elles, conduire à la dépression et, dans les pires des cas, aux envies suicidaires.
Les signes qui permettent de déceler les violences psychologiques
Que ce soit au début de la relation ou lorsqu’elle est entamée depuis plusieurs années, il existe des signes qui permettent de déceler ces violences psychologiques. Ici, nous utilisons des exemples dans lesquels une femme subit ces violences, mais le processus inverse est tout à fait possible.
1 | Vous êtes traitée de manière peu respectueuse, méprisée, voire insultée.
2 | Vos réactions sont systématiquement infantilisées.
3 | Il contrôle vos finances et vos dépenses.
4 | Il gère vos fréquentations et vous interdit de voir certaines personnes.
5 | Il critique votre façon de vous habiller et vous oblige à correspondre à ses critères.
6 | Il vous humilie, car rien de ce que vous faites n’est jamais assez bien.
7 | Ce n’est jamais de sa faute : c’est vous qui le mettez dans cet état.
8 | Il use de colère pour vous intimider.
9 | Il dévalorise vos idées, vos projets, vos besoins.
10 | Il vous reproche son mal-être car vous ne faites rien pour l’aider.
11 | Il vous menace pour arriver à ses fins : privation, abandon, bouderie…
12 | Il exerce une pression sur vous pour avoir des rapports sexuels.
13 | Il est jaloux et possessif.
14 | Il utilise la culpabilisation comme moyen de se dégager de ses responsabilités.
15 | Il se place toujours en position de dominant et ne tolère pas de rébellion.
Si vous avez reconnu dans cette liste des situations présentes dans votre quotidien, cela signifie probablement que vous vivez des violences psychologiques.
Se reconnaître victime de ces violences : un processus indispensable
Le déni des violences endurées
Le caractère insidieux des maltraitances morales se situe dans le fait que, la plupart du temps, les persécutées savent que ce qu’elles subissent est anormal, mais sont incapables de se reconnaître victimes de ces violences. Soumises à la culpabilisation, elles sont dans le déni et trouvent des arguments pour justifier leur bourreau. Au début de la relation, il y a souvent une recherche de facteurs pouvant minimiser le comportement abusif. « Il est fatigué », « il ne le pensait pas », « il ne se rend pas compte », « l’amour va le changer ». Ces excuses masquent la situation de ce qu’elle est : violente.
L’utilisation de la culpabilité par l’agresseur
Lorsque les violences psychologiques s’ancrent dans le quotidien, l’anxiété, l’emprise, la domination et l’infantilisation amenées par le compagnon peuvent mener à une confusion grave. Le plus souvent, la victime réalise au fond d’elle-même qu’elle vit une situation injuste, mais à force d’user de culpabilisation et de dénigrement, son agresseur l’a persuadée qu’elle ne vaut rien. Que sans lui, elle serait seule, qu’elle n’est pas quelqu’un d’aimable. Les violences deviennent alors banales et on assiste à une inversion des rôles : l’agresseur est complètement déresponsabilisé, alors que la victime est coupable de tout le mal-être de son compagnon.
La peur de laisser ses traumatismes exister
Dans ces contextes, il devient difficile de se reconnaître victime de violences psychologiques, car cela signifie que tous les traumatismes retenus jusqu’alors peuvent exister, qu’ils ont la place de s’exprimer. C’est revenir sur tout ce que l’on a normalisé pour le resituer dans le cadre de ces violences. Il est normal d’être réticente à se reconnaître victime de ces maltraitances, cependant, c’est un processus indispensable. Mais sachez avant tout une chose : ce n’est pas de votre faute, vous n’y êtes pour rien, et surtout, vous êtes courageuse de faire face à cette situation.
Brisez le schéma et reprenez votre pouvoir
Maintenant que vous avez reconnu la situation pour ce qu’elle est, chercher de l’aide et du soutien est primordial. Entourez-vous de personnes qui vous aiment. Reprenez contact avec vos amis et votre famille si vous vous étiez éloignée d’eux. Cessez de justifier votre bourreau, de lui trouver des excuses, de le défendre. Il est responsable de son comportement, c’est son choix, prenez conscience que vous aussi, vous pouvez choisir de le subir ou non. Renoncez, enfin, à croire que vous pouvez changer votre compagnon. Le plus souvent, il n’a pas appris à aimer sur des bases saines et cela a structuré toute sa personnalité. Il a besoin d’une aide profonde pour réussir à s’en sortir et les remords ne suffiront pas, tout simplement parce qu’il ne sait pas faire autrement.
Utilisez la résilience pour restaurer votre confiance
D’abord utilisé pour évoquer la capacité de résistance d’un corps à un choc, le concept de résilience est entré dans le domaine de la psychologie au début des années 1980. Il est utilisé pour décrire l’aptitude à rebondir après une épreuve traumatisante (deuil, séparation, abus sexuels, maladie, abandon…).
La résilience s’applique pour surmonter un traumatisme et le transformer de façon positive. C’est une ressource dynamique et évolutive, disponible en tout être, qui s’exprime de façon différente en fonction des personnes et des épreuves rencontrées.
Les mécanismes de la résilience
La résilience obéit toutefois à certains mécanismes, dont le premier est de reconnaître qu’il y a bien eu traumatisme. Sans cela, difficile d’aller plus loin. Car c’est ensuite la révolte, le refus d’être enfermée comme simple victime, qui pousse à aller de l’avant. Le défi est alors de s’en sortir. L’humour et le déni sont fréquemment utilisés pour se donner du courage, afin de se protéger tout en minimisant la situation, en la tournant en dérision. Enfin, il n’est pas rare de constater une phase créative, qui vient aider à exorciser le vécu de façon artistique.
Vous l’aurez compris, utiliser la résilience afin de restaurer votre confiance pour surmonter ces épreuves est crucial. C’est un processus de fond qui demande du temps et durant lequel il est important d’être accompagnée et soutenue par des proches aimants, voire par un spécialiste. Il saura vous guider dans votre reconstruction et vous aider à déterminer comment éviter ce type de relation dans l’avenir.
Pour aller plus loin
Vous avez désormais toutes les informations indispensables pour déterminer si vous êtes victime de violences psychologiques ou non. Si vous l’êtes, ou si vous connaissez une personne de votre entourage qui l’est, choisissez le meilleur et agissez !
Écoute violences conjugales Belgique : 0800 30 030
Site web : https://www.ecouteviolencesconjugales.be/
Violence femmes info France : 3919
Ces numéros sont à l’écoute des femmes qui subissent des violences quelles qu’elles soient et préserve l’anonymat.
* Au cours des années 2014 et 2015